Soul Music - Northern Soul - Groove - Funk - Funky - Rhythm 'n' Blues - Blues - Jazz - Jazz Fusion - Gospel - Reggae
1 L'histoire de la Soul Music
2 L'esclavage aux Etat-Unis : 1619 - 1865
3 Le Ku Klux Klan
4 Les faits de la société et de la politique qui ont forgés la Soul Music
5 Les origines musicales de la Soul Music
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1537 ! à cette époque l'Espagne et le Portugal pratiquent la traite des noirs et en vivent très bien . Envieux les voisins Européens tels que la Hollande , l'Angleterre et surtout la France ( là pour le coup j'ai honte d'être Français ) pratiquent le " Commerce Triangulaire " à partir de 1674 ; et c'est ainsi que la France utilisera des négriers " Bâtiments navals servant à transporter des nègres sur les côtes d'Afrique pour les acheminer vers les Amériques , deux grandes îles ( la Jamaïque et St Domingue ) et trois petites îles ( la Martinique , la Guadeloupe et la Barbade ) " . La France développe la traite des noirs jusque la fin des années 1680 , pour disparaître progressivement . Au dix-huitième siècle elle disparaît quasiment en France le 27 avril 1848 , suite à la troisième abolition sur les colonies Françaises , commencé dans un premier temps par Napoléon , le 29 mars 1815 . Elle s'achèvera officiellement aux Etats-Unis le 18 décembre 1865 , après la guerre de sécession . Pourquoi vous parler de cette partie sombre qu'est l'esclavage ? Mais voyons ! c'est de là que la Soul Music à pris naissance . Il faut bien se rendre compte que ce qu'était la vie des noirs à cette époque ! Le noir n'était considéré que comme une marchandise et donc surtout pas comme un Homme ! ! ! Alors ne soyons pas étonnés de ce qu'a ressenti le noir , vis à vis du blanc .
Il a commencé par s'évader et pour se faire aider par les autres esclaves répartis chez les propriétaires terriens voisins , il a inventé un code chanté prévenant donc , les autres esclaves que tel ou tel esclave de tel ou tel propriétaire terrien allait s'évader tel ou tel jour . Ainsi prévenus les autres esclaves pouvaient selon leurs moyens ( très restreint bien sur ) , mettre en oeuvre leur aide en créant de fausses pistes . L'un de ces plus illustre chant est WADE IN THE WATER . Certes rien a voir avec les versions que l'on peut entendre sur nos disques . Une chanson comme WADE IN THE WATER est d'une telle importance dans la culture Afro-Américaine , qu'elle est étudiée dans certaines universités noires en Amérique . De ses chants va naître le Gospel , puis le Blues , le Jazz , le Rhythm 'n' Blues , et la Soul Music .
Pour Forrest les objectifs du Klan sont incompatibles avec les récentes lois qui font du noir le quasi égal du blanc . Pour protéger et rétablir la suprématie de la race blanche , il faut passer par l'action clandestine , autrement dit , l'action criminelle pure et simple . Forrest va alors tout faire pour que le Ku Klux Klan ait un impact sur le résultat des élections . Pour cela il va contraindre , par la force , les noirs à voter démocrates ( les républicains sont alors associés aux nordistes ) ou à s'abstenir . Petit à petit , ces actions portent leurs fruits et certains noirs reportent leurs voix sur les listes soutenues par le K K K . Pour atteindre le rétablissement de la suprématie de la race blanche , il faut en priorité empêcher les noirs de s'instruire et d'accumuler des biens et des richesses . Pour cela , Forrest va sillonner le pays pour y tenir des réunions . Chacune de ses apparitions sera suivie d'une vague de violence contre les noirs . Les membres du K K K brûlent des croix devant les maisons des noirs , font irruption chez eux pour les fouetter ou même les tuer en les pendant aux arbres . Certaines femmes enceintes sont éventrées et des hommes castrés .
L e mouvement pour les droits civiques naît symboliquement le premier septembre 1955 lorsque Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un bus à Montgomery , Alabama . Cet acte individuel va déclencher le plus grand boycott de l'histoire du pays : il durera plus d'un an , et fera plier les autorités de l'état qui céderont en supprimant la ségrégation raciale dans les transports publics .
Martin Luther King et sa " Southern Christian League " prônent la désobéissance civile et la non violence pour abattre " Jim Crow " . La marche de Washington en aout 1963 de près de 300.000 noirs et libéraux blancs qui se termine par le très beaux discours de Martin Luther King , permet , elle aussi de faire évoluer les esprits.
Le système de ségrégation agonise à partir du début des années 60 sous la présidence de J. F. Kennedy et surtout avec son successeur L. Johnson , dont la grande loi sur les droits civiques de 1964 , interdit toute forme de discrimination dans les lieux publics . C'est de l'affirmative action , politique volontariste d'intégration des noirs dans tous les secteurs de la vie professionnelle , avec la mise en place de quotas . En 1965 , après la marche de Selma en mars , et les émeutes de Watts en aout , L. Johnson fait voter le " Voting Right Act " , et suspend les clauses restrictives qui avaient éliminé les électeurs noirs des listes .
Le système pervers et destructeur de la ségrégation était moribond , mais pas les discriminations ni les violences. De nombreuses émeutes continuent à ensanglanter les ghettos des grandes métropoles Américaines . A la suite des actions racistes des blancs du sud ou des traitements humiliants subis lors des heurts avec la police , enfin après l'assassinat de personnalités comme Martin Luther King en 1968 , on assiste aussi à une radicalisation progressive des organisations noires , la " Southern Christian Leadership Conférence " est rapidement dépassée par des mouvements qui revendiquent l'usage de la violence , incitent les noirs au séparatisme et souhaitent l'instauration d'un " Black Power " , mouvement révolutionnaire né en 1966 , un an après l'assassinat de Malcom X , le 21 fevrier 1965 . Les militants de ce mouvement seront sans cesse harcelés , traqués , emprisonnés , parfois à la suite de coups montés , ou assassinés . en 1966 , Bobby Seale et Huey Newton fondent à Oakland le " Black Panthers Party For Self-Defense ".
Basée sur un programme en 10 points , cette organisation révolutionnaire a durablement marqués les esprits . Avec leurs uniformes , leurs armes mais aussi leurs programmes sociaux ( petit-déjeuners pour les enfants , vêtements gratuits , centres médicaux etc etc ..) , les Black Panthers ont bouleversé le paysage de l'extrême gauche et des organisations noires . Ayant laissé une empreinte durable sur la société Américaine , on retrouve leur influence culturelle et politique dans le Rap . A l'instar de Malcom X , certaines figures du parti savaient se servir de leur éloquence comme d'une arme .
C'était notamment le cas d'Eldrige Cleaver dont les discours se vendaient en disques et étaient repassés pendant des heures ( parfois grâce à des haut-parleurs dans les quartiers ) . Il tenait particulièrement à utiliser la langue de la rue pour être compris , mais au-delà du vocabulaire utilisé , on retrouve dans les discours du Black Panthers une pugnacité , voir une agressivité dont on pourrait peut être en trouver les racines dans le patrimoine oral Afro Américain .
L'insulte , l'obscénité , l'injure sont dans le vocabulaire des Black Panthers , des moyens de protester contre la cruauté et l'hypocrisie du monde blanc pseudo-chrétien . Malcom X , né en 1925 dans l'état rural du Nebraska , Midwest , a un père sympathisant de la cause Marcus Garvey . Malcom Little raconte dans son autobiographie comment son père a vu quatre de ses six frères subir une mort violente , trois furent tués par des blancs et le dernier fut lynché . En 1929 , la maison familiale est brûlée et en 1931 son père est tué , probablement par des racistes . Sa mère doit élever huit enfants dans une Amérique secouée par la grande dépression . Elle finit en asile psychiatrique . Malcom rejoint alors sa demi-soeur à Boston , et de petits boulots en petits boulots , il finit en prison pour vol en 1946 .
C'est en prison que Malcom prit la mesure de ses origines , connectant son parcours individuel au destin collectif des 22 millions d'Africains déportés de force et mis en esclavage . Cette Conscience de ce que fût l'esclavage historiquement , de la violence de cette exploitation , de la sauvagerie de cette nation de l'autre ne va plus le quitter. Ce sera le moteur de son engagement dans la lutte contre le racisme , jusqu'aux derniers jours de sa vie . En prison , il lit des livres sur les combats contre la ségrégation raciale , sur l'esclavage " Prêcheur et Rebelle " de Nat Turner , et aussi sur Maham A Gandhi et sa lutte pour une Inde indépendante . Il se choisit l'Islam comme religion , et Elijah Muhammad comme prophète . Mais pas même le prophète n'aurait pu être plus éloquent que ces livres pour prouver que l'homme blanc , collectivement , s'était comporté comme un démon dans presque tout contact avec l'homme collectif non-blanc . Malcom X ne démordra jamais de cette idée que la réaction au racisme , aussi confuse soit-elle , n'est pas la même que la violence de l'oppression raciste . Les victimes du racisme n'ont pas de leçon de moralité à recevoir de leurs oppresseurs . La vie des noirs Américains dans le nord des Etats-Unis est contradictoire . Des dizaines de milliers d'entre eux affluèrent du sud vers les centres urbains du nord au moment ou l'économie de guerre des années 40 créa des emplois . Or si les droits civiques existaient sur le papier pour les noirs Américains , la discrimination demeurait systématique dans le logement , l'emplois et dans l'éducation . Croyant avoir échappé aux lois ségrégationnistes du vieux sud rural , les noirs se rendaient compte très vite que leurs aspirations étaient niées par un système d'exploitation qui continuait de les reléguer au statut de citoyen de seconde zone . Or c'est d'abord dans le sud qu'explose le mouvement des droits civiques , et de façon spectaculaire . Jusqu'en 1960 avec les premiers sit-ins étudiants dans les grandes villes du sud , la situation semble calme . Or au nord comme au sud la contestation se construit . Elle ne s'exprimera pas de la même manière , parce que les situations de départ sont différentes . D'un côté les noirs dans le nord semblent en savoir plus : les droits civiques ne sont pas une protection suffisante contre le racisme , c'est même pour Malcom X une belle hypocrisie , celle du progressiste blanc du nord . Mais d'un autre côté , les noirs dans le sud vont apprendre à se battre en masse et à se confronter de plus en plus frontalement aux institutions racistes par des mouvements de masse . Comme des dizaines de milliers de militants qui se levèrent dans les années 60 , Malcom X ne put s'appuyer sur l'héritage antiraciste de la gauche Américaine . La chasse aux communistes dans la décennie précédente avait laissé des traces , et l'hostilité envers toute forme de gauche organisée était alimentée par la guerre froide . Dans les années 30 , le ghetto noir de Harlem était l'un des bastions militants du parti communiste Américain , nombreux furent les artistes noirs Américains qui rejoignirent le parti , comme le poète Langston Hughes . Mais le renoncement du PC à toutes perspectives révolutionnaires , combiné à son soutien sans faille pour le parti démocrate pendant la seconde guerre mondiale entraîna son déclin. Trente ans plus tard , c'est l'Islam de Malcom X qui donne aux noirs Américains des ghettos le courage de lever à nouveau la tête . Des centaines de milliers de noirs vont exprimer leurs révoltes à travers la religion , et vont brandir leur foi comme une arme politique . C'est le cas de Martin Luther King et de Malcom X , dans des contextes très différents . Malcom X se convertit à l'Islam mû par sa rage face à l'horreur de ce que subirent les Africains déportés en Amérique . Devenu l'un des principaux porte-parole de la nation à sa sortie de prison en 1959 , Malcom X va contribuer activement à la construction de temples à New York , Chicago et sur la côte ouest . Une émission télévisée en particulier , diffusée en 1960 , intitulée " la haine qui produisit la haine " allait le propulser à la une de tous les médias et faire de la nation de l'Islam une organisation politique désormais incontournable .
De plus en plus politisé par le mouvement , sa rupture avec la nation de l'Islam allait s'avérer inévitable . Le parcours de Malcom X nous permet de comprendre que prôner le séparatisme noir peut s'inscrire dans un processus dynamique . Le contexte de l'époque va être déterminant . En effet , en 1964 , la grille de lecture en terme de race à échelle internationale fait particulièrement sens . L'idée du Black Power qui va se développer dans la seconde moitié des années 60 est présentée ainsi par Malcom X " une grande partie du peuple noir se pensent désormais comme " noire" , et cela lui permet de voir au-delà des frontières de l'Amérique " . Pour Malcom X , l'unité blancs et noirs est souhaitable , mais difficile à atteindre . C'est pour casser cette dynamique de généralisation extrêmement dangereuse pour les dirigeants Américains que Malcom X fut assassiné . Le FBI avait un objectif précis , énoncé ainsi dans le programme du cointelpro " empêcher l'émergence d'un Messie noir " . Son assassinat lors d'un Meeting au Audubon Hall à New York le 21 février 1965 , allait s'inscrire et alimenter la phase de radicalisation du mouvement dans la seconde moitié de la décennie . Le potentiel d'alliance entre blancs et noirs allait se concretiser en partie . Les émeutes qui explosèrent dans les villes du nord en 1964-65 , puis l'assassinat de Martin Luther King en 1968 , combiné au développement d'un mouvement anti-guerre ( Vietnam ) de masse montrèrent qu'il était possible de relier les luttes contre l'état Américain . Ce sont ensuite les Black Panthers qui reprendront le flambeau de Malcom X , organisant les noirs dans les ghettos des villes du nord à la fin des années 60 .
5 Les origines musicales de la Soul Music
Les origines de la Soul Music se trouvent donc bien sur dans la musique Afro-Américaine , c'est à dire : les chants des esclaves , puis le Négro Spiritual , le Gospel , le Blues puis toute l'histoire du Jazz jusque 1950 environ . 1950 , à cette époque , on parle de Rhythm 'n' Blues bien plus encore de " Race Music " . La " Race Music " étant l'appellation raciste qu'avait donné à la musique noire Américaine , le blanc . Dans les magasins de disques , il y avait un petit bac de disques réservé à la " Race Music " , donc réservé aux clients noirs . Dans les années 50 donc , le Rhythm 'n' Blues est dominé par quelques grands noms commerciaux : les Platters , Clyde Mc Phatters qui vendent des disques par milliers . Pourquoi ? parce que les blancs apprécient leurs ballades sirupeuses qui parlent d'amour . Il faut dire qu'a ce moment , si un noir voulait réussir dans le show buisisness , il fallait chanter des choses que les blancs apprécient ; c'est à dire des " slows insignifiants "etc etc ... pour passer sur les ondes des radios . La Radio étant le principal moyen de se faire connaître . Donc , d'un coté , des artistes noirs très connus qui chantent des choses douces sans intérêt car la musique est composée par des blancs ; et de l'autre coté , celui qui nous intéresse , une minorité de noirs qui composent des morceaux plus rapides , plus saccadés et surtout totalement inspirés du Blues : Joe Dee & The Starlighters , The Orioles , The Moonglows etc etc .... , ces gens là bizarrement , ne font pas succès à leurs débuts . Le Rhythm 'n' Blues pur , que jouent ces musiciens et chanteurs n'intéressent personne exceptés les initiés : les noirs du ghetto et quelques blancs . Ici encore , on va voir comment les blancs , comme pour le Jazz des années 40 , allaient récupérer le Rhythm 'n' Blues pour créer le Rock 'n' Roll . Parmi les quelques blancs initiés au Rhythm 'n' Blues , il y avait uns espèce de cow boy spécialisé dans la musique Folklorique blanche , style western : Bill Haley . Le plus rusé de tous , le vrai " révolutionnaire " fut Elvis Presley . Bref Elvis prend le succès d'un Rhythm 'n' Blues à sa sauce et , une fois de plus , la musique noire sera récupérée et commercialisée par les blancs . Il a fallu créer un Rhythm 'n' Blues sauce blanche ; c'est à dire le " Rock 'n' Roll " pour qu'ensuite à leur tour , les musiciens noirs soient reconnus comme musiciens de talent . De plus en plus , les noirs vont s'orienter vers ce nouveau Rhythm 'n' Blues qui prend succès , et laissent tomber le style " Platters " , je pense bien sur à Fats Domino , Lloyd Price etc etc ... fin des années 50 . Années 60 ; le mot " Soul " apparaît : en effet , une nouvelle transformation musicale se prépare dans les grandes villes des Etats-Unis , principalement à New York , Chicago , Memphis et Détroit avec les maisons d'éditions musicales suivantes : les studios Atlantic Records à New York , Tamla Motown Records à Détroit , Chess-Cadet-Checker Records , Okeh Records à Chicago et Stax-Satellite Records à Memphis pour ne citer que les plus importantes . Les musiciens noirs dans le domaine du Jazz en ont plus qu'assez de voir leur musique en général , récupérée par d'autres . Ils veulent à nouveau personnaliser leur musique en expliquant que c'est du fond de leur âme ( soul ) qu'elle provient . " Notre musique est issue d'une culture spécifique aux noirs Américains , d'une spiritualité qui résulte de notre histoire : Esclavage , Racisme , Exploitation du nègre " . Avec le mot " Soul " , un autre mot apparaît pour désigner la musique noire : " Funky Funk " . " Funky " signifie ( vulgaire , sale ) , les blancs l'utilisent pour désigner l'odeur de la sueur que sécrètent les noirs pendant l'acte sexuel , ainsi que celle des sous - vêtements des nègres , " fuck " signifiant " baiser " , " Funky " devient alors dans le vocabulaire des musiciens noirs , un terme qui ne rend compte que des techniques musicales purement noires . Un style " Funky " , c'est un style musical qui utilise des spécificités noires . " Funky " est un terme plus général que " Bluesy " ( technique du Blues ) , " Funk " et " Soul " sont utilisés par une nouvelle école de musiciens de Jazz : l'école des Horace Silver ( Pianiste ) , Art Blakey & The Jazz Messengrers , Nat et Cannonball Adderley etc etc ... ; de cette élite , ces deux mots se répandent très vite chez les autres musiciens noirs du Rhythm 'n' Blues . " Soul " devient un véritable art de vivre pour le noir . On mange " Soul " , on dort " Soul " etc etc ... . " Soul " est mis à toutes les sauces ; par là même , le noir revendique son identité spécifique dans la société Américaine et c'est très important , car " Soul " prouve que le noir possède une âme , un esprit ; il n'est pas une bête sauvage . Nous sommes à l'époque de Martin Luther King : à travers la religion , il y a toujours le combat social et la Soul Music en est l'expression . Je pense qu'il est nécessaire de préciser d'emblée que lorsque je parle de Soul Music , je ne me réfère pas à la musique du label Motown ( bien que j'en parlerais quand même plus tard ) , phénomène presque exactement contemporain , mais s'adressant bien plus au public blanc de la pop , et inscrit dans un processus d'industrialisation . Ce à quoi je fais référence , c'est à cette musique nettement moins maîtrisée , trouvant ses racines dans l'esclavages , le gospel et puissamment émotionnelle qui se développa dans la foulée du succès de Ray Charles , soit environ à partir de 1954 , pour atteindre sa vitesse de croisière , parallèlement à Motown , au début des années 60 . Pendant très longtemps , son public fut composé presque exclusivement ce noirs élevés dans l'ambiance émotionnelle de l'église et d'une légion clandestine mais grandissante de jeunes admirateurs blancs qui avaient entendu du Rhythm 'n' Blues à la radio et l'avaient perçus comme le clef d'un mystère dont ils étaient les gardiens . Au début , comme le Rock 'n' Roll , la Soul Music était l'expression d'une rébellion , ou du moins d'un mécontentement . Lorsqu'elle quitta la clandestinité , la Soul Music accompagna quasiment chaque étape du développement du mouvement des droits civiques : son succès reflétait directement les gigantesques avancées de l'intégration , sa popularité était le miroir fidèle des bouleversements sociaux qui avaient lieu . Lorsque " When A Man Loves A Woman " de Percy Sledge , exemple typique de l'émotion qui peut émaner de la Soul Music , se hissa au sommet des " charts " pop en 1966 , on put presque croire que la partie était gagnée . C'était une chanson qui semblait à l'époque , vierge de toute compromission , de toute concession faite au marché , épargnée par les décolorations , et les détériorations palliatives que Motown faisait systématiquement subir à ses productions pour les rendre plus attrayantes . De même , il sembla logique , une fois passée l'acné du mouvement , lorsque la mort de Martin Luther King vint remettre en cause les certitudes progressistes et l'instinct communautaire qui avaient marqué cette brève période , que le mouvement Soul se morcelle , que les bons sentiments , qui animaient cette musique disparaissent , que les " charts " retrouvent un certain état de ségrégation virtuelle : le Funk , le Disco et plus tard le rap se présentèrent d'abord comme des musiques de ghettos avant de devenir , l'un après l'autre , aussi fédérateurs que le fut en son temps le Rhythm 'n' Blues . Ainsi la Soul Music fut le produit de son temps et de son environnement , d'un contexte que personne ne voudrait voir réapparaître , le fruit amer de la ségrégation , transfiguré , comme tant d'autres choses ont pu l'être , par l'universelle générosité de la culture Afro-Américaine , en un témoignage de chaleur humaine et de confiance en soi . Voilà le contexte historique , la toile de fond du développement de la Soul Music : une époque excitante et dangereuse , celle d'une vivifiante prise de conscience en soi . La Soul Music fit son apparition comme je l'ai mentionné un peu plus haut à la fin des années 50 , mélange de Gospel sécularisé et de blues impie , et traite uniquement de ce sujet essentiel : l'amour et ses multiples aléas . D'un point de vue strictement musical , l'inspiration demeure religieuse . La plupart du temps la Soul Music utilise la forme de la ballade et certaines techniques du Gospel et du Blues ... motifs en questions-réponses , intonations et argot à la mode , utilisation d'une évolution plaintive et traînante . C'est un art intégralement vocal . La Soul Music sous-entend une expérience partagée , une relation privilégiée avec l'auditeur , comme dans le blues ou le chanteur exprime et conforte les sentiments du public . En ce sens , elle conserve un caractère sacramentel . Si l'on se référe à Jerry Wexler , qui , de par sa formation de vice-président d'Atlantic Records , produisit la plupart des grands chanteurs de Soul Music des années 60 et beaucoup de stars du Rhythm 'n' Blues des années 50 , la Soul Music n'était " qu'une étiquette " , une invention sémantique , ce n'était qu'une étape dans l'histoire de la musique , elle s' inscrivait au sein d'une évolution qui se poursuivit après elle. Finalement ce n'était que du Rhythm 'n' Blues . Personnellement , j'ai longtemps pensé qu'il y avait une réelle différence entre la Soul Music et le Rhythm 'n' Blues . La Soul Music était sincère , vraie , douloureuse , puissamment émotionnelle . Le Rhythm 'n' Blues , genre qui me fascine également , était à mes yeux plus mécanique , artificiel . Cependant et a l'évidence : personne ne faisait de distinction entre la Soul Music et le Rhythm 'n' Blues , car tous les chanteurs ont été fondamentalement influencés par la musique des années 50 ; ces " étiquettes " étaient en un sens une invention des critiques et des compilateurs . La Soul Music , après tout , était , comme avant elle le Blues , Rhythm'n' Blues , le Rockabilly et à sa suite le Rap et la Beat Music , le fruit du travail de labels indépendants , d'hommes et de femmes, qui avaient contourné le quasi-monopole des Majors comme Columbia Records , Decca Records , RCA Victor Records ou Capitaol Records , en découvrant non pas une musique nouvelle mais un nouveau marché . Comme le Blues , le Jazz et le Rock 'n' Roll , La Soul Music est née dans le sud des Etats-Unis , et c'est là qu'elle puise son inspiration . Il est incontestable que les troubles raciaux dans le sud et les brusques bouleversements sociaux qu'ils annonçaient contribuèrent à la contribution de cette philosophie ; en fait , c'est l'ensemble de la complexe histoire raciale de la région et de la façon dont celle-ci essaye de vivre avec ses passions et ses contradictions qui ont joué un rôle décisif dans l'élaboration d'une nouvelle culture , laquelle ne se résolut jamais au libéralisme que le nord , lui , acceptait poliment du bout des lèvres . La Soul Music en définitive prend sa source dans le rêve sudiste de liberté . Voila pour l'historique du mot "Soul " . Avec l'apparition du style musical du Philadelphia Sound principalement dirigé par deux musiciens noirs ; Leon Huff et Kenny Gamble , la Soul Music va progressivement perdre toute forme de combat pour la libération noire . Une fois de plus , on s'en va vers le système à fric , production à gogo , pour tous , noirs et blancs . En France , le Batteur " Italien " Cerrone récupére le style Philadelphia Sound et lance un style : le Disco vers 1975 . Parti de France , il retourne aux Etats-Unis et les noirs en font un gagne pain . Il est curieux de voir , à ce moment , les noirs récupérés un style qu'ils avaient créé au départ . La morale de l'histoire pourrait être la suivante : Finalement l'art passera toujours après l'estomac ; manger ou chanter ou jouer , il faut choisir . Maintenant il ne vous reste plus qu'à visiter les pages de ce blog pour écouter les différents styles de la musique noire , de visiter les quelques discographies qui vont s'élargir par la suite , et quand à moi je vous remercie sincèrement de votre visite en ce blog . Pierre 2
Tout au long de ce commentaire vous avez pu entendre Wade In The Water interprété par The Stapple Singers , Eva Cassidy , Alvin Ailey Américan Dance Theater , The Harlem Gospel Singers , The Ramsey Lewis Trio , The Soulful Strings , Willie Mitchell , Brother Jack McDuff , Little Sonny , Marlena Shaw , Ray Terrace , Herb Albert & Tijuana Brass , Jeff Majors , Mac Rebennack , Eddie Harris , James Brown , The Chambers Brothers , Prince & Patti Labelle et The Graham Bond Organization